1 – Qu’est-ce que l’autolyse ou l’autophagie ?
Forme de nettoyage cellulaire, l’autophagie est nécessaire au bon fonctionnement du corps. Le terme « autophagie », inventé par le prix Nobel de médecine Christian de Duve, vient du grec auto (soi-même) et phagein (manger). Il signifie donc littéralement « se manger soi-même ». L’autophagie est une forme de nettoyage cellulaire : il s’agit d’un processus régulier et ordonné qui consiste à décomposer et à recycler des composants cellulaires lorsque l’énergie nécessaire à leur survie est devenue insuffisante. Lorsque tous les composants cellulaires défectueux ou malades ont été éliminés, le corps peut commencer le processus de renouvellement. De nouvelles cellules et de nouveaux tissus sont générés pour remplacer ceux qui ont été détruits. Le corps se renouvelle ainsi.
Les cellules du corps sont comparables aux voitures dont il faut remplacer de plus en plus de pièces au fur et à mesure qu’elles vieillissent. Avec le temps, il est aussi nécessaire de remplacer des pièces subcellulaires, puis lorsque la cellule devient trop vieille pour justifier une réparation, elle est détruite pour faire place à une nouvelle cellule saine. L’apoptose, ou mort cellulaire programmée, est un processus qui se déclenche dans la cellule quand elle atteint un certain âge et qui la pousse à se suicider. Toutefois, lorsque seuls certains composants cellulaires nécessitent un remplacement, c’est l’autophagie qui s’enclenche.
Au fil du temps, des composants cellulaires indésirables s’accumulent lorsque les processus liés à l’autophagie ne sont pas activés régulièrement. Cela favorise l’apparition de certaines maladies comme les cancers. Notons qu’un taux élevé de glucose, d’insuline et de protéines peut empêcher l’autophagie. A l’inverse, le jeûne ou l’endurance l’activent.
Après 24 heures de jeûne, notre foie a épuisé son stock de glucose. Comment va-t-il alors continuer à fonctionner alors qu’il n’a plus de glucose ? Il va trouver un substitut de glucose : les corps cétoniques fabriqués par l’autolyse des muscles (protéolyse) et l’autolyse des graisses (lipolyse).
– En quoi est-ce un processus intéressant pour la santé ?
L’autolyse est conduite avec une intelligence remarquable. Les tissus sont autolysés en raison inverse de leur importance pour la vie. Plus un tissu ou un organe est secondaire pour la vie, plus il est consommé ; et plus il est important pour la vie, plus il est préservé. Après trente jours de jeûne une personne aura minci de 8 à 12 kilos. Pourtant son cœur, ses glandes endocrines, son cerveau n’auront pas bougé d’un milligramme. Par compte les tissus malades, sclérosés, les tumeurs, les kystes auront été autolysés. Ils auront disparu ou seront réduits de façon significative.
– L’autolyse existe-t-elle lorsque l’on mange ?
Oui ce phénomène de nettoyage existe naturellement dans le corps même lorsque l’on mange. C’est une façon pour la cellule de se nettoyer. Néanmoins ce phénomène est activé et optimisé lorsque nous réduisons notre alimentation, ou mieux lorsque nous jeûnons. C’est un moyen pour le corps de fabriquer l’énergie nécessaire au fonctionnement des organes vitaux pendant un jeûne.
– En quoi l’autolyse est-elle importante pour la santé ?
Lorsque l’autolyse fonctionne mal, à cause d’une surcharge ou d’une mauvaise répartition du potentiel vital homéostatique -trop de vitalité est dispatchée pour la gestion du stress et la digestion et pas assez pour l’autolyse et le système immunitaire-, les cellules ne profitent pas de l’autophagie de façon satisfaisante et la maladie apparaît (cancer, Parkinson, dégénérescence…)
Pourquoi le jeûne améliore-t-il le fonctionnement naturel de l’Autophagie ?
Le jeûne permet un transfert de ce potentiel vital vers les émonctoires, l’appareil digestif étant au repos. Cela favorise ainsi le processus d’autolyse. Au troisième jour de jeûne le système immunitaire reçoit le maximum de ce potentiel vital. Même si le jeûneur ressent une certaine fatigue, un maximum de la vitalité est consacrée au nettoyage et l’autolyse (autophagie) agit efficacement. Les cellules malades sont ainsi dégradées, auto digérées entraînant la fabrication des corps cétoniques qui vont nourrir les cellules saines.
– Comprendre la cétose
La cétose est l’état du corps qui fonctionne sur les cétones, issus des lipides, plutôt que sur le glucose, issu des glucides. La cétose est la caractéristique du jeûne, ainsi que de l’alimentation cétogène qui reproduit les effets physiologiques du jeûne.
Si votre alimentation contient une quantité importante de glucides, ils seront convertis en glucose pour servir de carburant à votre métabolisme. Si votre alimentation ne contient pas beaucoup de glucides, en dessous d’un certain seuil (20 g pour la plupart des personnes, 30 ou 50 g pour certaines), le corps se mettra alors en état de cétose, c’est-à-dire qu’il convertira les lipides de l’alimentation en cétones pour en faire un carburant alternatif.
Comme pour les carburants alternatifs des voitures, ce carburant alternatif a de nombreux avantages : c’est un carburant qui est particulièrement adapté à certains organes, dont le cerveau, et c’est la raison pour laquelle la cétose a des fonctions thérapeutiques pour les personnes atteintes de maladies neurologiques, comme l’épilepsie, Parkinson, Alzheimer, mais aussi pour les personnes souffrant de migraines, de dépression,… C’est aussi un carburant « propre », qui entraîne peu de déchets, tels que les radicaux libres. On peut ainsi dire que les cétones ont un effet anti-inflammatoire intéressant pour les personnes qui souffrent d’inflammation (douleurs, dépression,…).
– L’alimentation cétogène
Pour mettre le corps en état de cétose, il convient donc de limiter drastiquement les glucides, en retirant le sucre et les céréales de son alimentation, et en choisissant plutôt de s’alimenter avec des légumes verts pauvres en glucides, un peu de protéines animales (œufs, poisson gras sauvages et viandes grasses d’animaux élevés naturellement à l’herbe) et de bons lipides (huile de coco, d’olive, beurre cru ou ghee, graisse de canard, saindoux, avocats, olives, oléagineux,…).
– Le jeûne
Le jeûne (absence de nourriture) met obligatoirement le corps en état de cétose. Pour continuer à fonctionner en l’absence de nourriture, le corps convertit les réserves de graisse du corps en cétones et s’en sert pour carburer.
Le jeûne a de très nombreux effets positifs : pendant que le corps ne dépense pas d’énergie à digérer, il peut réserver cette énergie à d’autres tâches, telle que l’autophagie, c’est-à-dire le ménage des cellules endommagées et inutiles.
Jeûne et diète cétogène ont donc des points communs. On peut d’ailleurs voir le jeûne comme une forme intense d’alimentation cétogène : en jeûnant, le corps se place généralement en cétose assez forte, jusqu’à 7 ou 9 g de mmol de cétones par litre dans le sang.
– Comment combiner jeûne et alimentation cétogène ?
L’alimentation cétogène est une formidable aide pour ceux qui souhaitent jeûner. En effet, le corps, déjà préparé à carburer sur les lipides, s’adaptera d’autant plus aisément aux premiers jours du jeûne. De plus, l’alimentation cétogène entraîne en général une baisse de la faim au bout de quelques semaines, facilitant là aussi grandement le jeûne. Une excellente façon de se préparer au jeûne consiste donc à commencer par manger cétogène, jusqu’à ce qu’on appelle la céto-adaptation, c’est à dire le moment où le corps sait parfaitement carburer aux cétones. Une fois l’adaptation faite et la faim diminuée, adopter le jeûne intermittent en supprimant d’abord le petit déjeuner, puis le déjeuner ou le dîner, pour ne garder qu’un repas par jour, copieux, riche en bonnes graisses aide à bien se préparer au jeûne. Quand le corps est bien habitué à ne manger qu’une fois par jour, on peut alors se préparer facilement à un jeûne plus long.
Il est possible de jeûner sans préparation particulière puisque le corps, déjà en cétose, continuera à carburer sur les graisses corporelles en l’absence de nourriture, et ne connaîtra pas les symptômes liés au sevrage des glucides. Cependant, afin d’atténuer de possibles crises d’élimination douloureuses chez des personnes fatiguées dont le foie, les reins ou les intestins sont en surcharge, dans les jours précédents le jeûne il peut être bon de supprimer les aliments animaux de son alimentation, dont toutes les protéines, ainsi que tous les excitants (café, thé, chocolat) et de ne garder que des légumes verts et des bonnes graisses (huile d’olive, de coco, avocats, olives). La veille d’un long jeûne, la monodiète à l’avocat ou aux olives, ou simplement aux légumes crus aidera à une digestion très allégée.
Pendant le jeûne, certaines personnes choisissent de ne boire que de l’eau ou des tisanes. Il est aussi possible de prendre des bouillons de légumes ou d’os, filtrés pour ne plus contenir que quelques minéraux et un peu de sel, pour le plaisir plus que pour les apports nutritifs. L’idée du jeûne est de laisser complètement les fonctions digestives au repos. Le péristaltisme (mouvement des aliments vers les intestins) est complètement à l’arrêt et le corps peut placer son énergie dans l’autolyse et l’autophagie, c’est à dire qu’il va se débarrasser des graisses et cellules inutiles, voire dangereuses, ainsi que procéder à un nettoyage de la lymphe et des tissus. Les hormones sont aussi rééquilibrées.
– Existe-t-il des contre indications à l’alimentation cétogène ou au jeûne ?
La grossesse semble ne pas être le moment indiqué pour entreprendre une démarche d’alimentation cétogène ou de jeûne. Les futures ou jeunes mamans allaitant choisiront plutôt une alimentation LCHF (Low carb high fat), composée d’aliments bruts pauvres en glucides et riches en bonnes graisses, mais de façon un peu plus libérale que dans l’alimentation cétogène stricte, c’est à dire qu’elles conserveront quelques fruits ou légumes riches en amidons, pour adopter une alimentation paléolithique, c’est à dire proche de celles que mangeaient nos ancêtres avant l’avènement de l’agriculture. Cette alimentation est la plus adaptée à nos gênes de chasseurs cueilleurs qui n’ont que très peu évolués depuis ces milliers d’années.
Certaines rares personnes ne peuvent adopter l’alimentation cétogène, du fait d’un déficit congénital ou de troubles métaboliques. Le jeûne est également déconseillé aux personnes qui souffrent de tuberculose pulmonaire ou sont sous traitement médicamenteux lourd.
– Jeûner et manger cétogène pour perdre du poids
La combinaison de jeûnes intermittents, et de jeûnes longs et d’alimentation cétogène est particulièrement efficace pour les personnes qui souhaitent perdre du poids et rester mince par la suite. Chacun trouvera son rythme à long terme, alternant jeûnes, jours de cétose stricte et jours de fêtes, où les glucides et protéines seront un peu plus élevés, à la fois pour conserver le plaisir et la convivialité, et pour que le corps n’entre pas dans une habitude qui l’inciterait à adopter un pondérostat (poids standard ou constant) trop élevé.
En conclusion, le jeûne et la cétose sont des outils formidables pour la santé et la ligne. Chacun doit s’y préparer à son rythme, ne pas chercher à se comparer aux autres, car nous avons chacun un métabolisme propre, des antécédents de santé particuliers… Il faut aussi une vraie préparation émotionnelle pour pratiquer le jeûne plus long que 2 ou 3 jours. Mais un dicton dit « jeûneur d’un jour, jeûneur de toujours ». Une fois qu’on a découvert l’acuité mentale, la bouffée de créativité et de légèreté que procure le jeûne, quand on a constaté ses effets sur la santé et la ligne, le rapport avec son corps en est changé pour toujours.
– La loi de l’homéostasie
L’homéostasie, c’est l’équilibre de l’organisme et sa capacité d’auto-réparation.
C’est le physiologiste Claude Bernard (1813 – 1878) qui à été le premier à parler de la loi de l’homéostasie.
Processus de régulation par lequel l’organisme maintient les différentes constantes du milieu intérieur (ensemble des liquides de l’organisme « humeurs ») entre les limites des valeurs normales. Caractéristique d’un écosystème qui résiste aux changements (perturbations) et conserve un état d’équilibre. C’est l’équilibre des humeurs internes, c’est l’autorégulation du fonctionnement du corps.
“Tout système vivant laissé à lui-même en l’absence de perturbations extérieures, revient spontanément à l’état d’équilibre au bout d’un certain temps, à travers une série de processus régulateurs.”
Perturbations : électromagnétiques, alimentaires, environnementales, toxiques, anxiogènes, etc.
Régulation : Le système nerveux autonome et le système endocrinien (énergie vitale), jouent un rôle incontournable dans le maintien de l’homéostasie.
Une des voies les plus simples, rapides et efficaces pour retrouver l’équilibre, c’est le jeûne !(système vivant laissé à lui-même), par l’autophagie et l’épuration des humeurs qu’il induit. Mais aussi la suppression des causes du déséquilibre homéostasique. Une grande partie de l’énergie nécessaire au processus de guérison est utilisée dans la digestion, dans nos processus mentaux (réflexion, stress, anxiété) ainsi que dans nos mouvements. Le jeûne aide à réguler ces aspects et, de ce point de vue, représente un excellent facilitateur pour la guérison.
Des exercices respiratoires comme la cohérence cardiaque régulent le système nerveux autonome et par là même aide à rétablir l’homéostasie. La fièvre, la diarrhée, le vomissement, l’inflammation, les maladies aiguës sont des processus régulateurs homéostasiques.
L’énergie vitale, la force guérisseuse, se régularise par l’homéostasie.
“N’oublions pas la résilience des systèmes biologiques qui sont très dynamiques, ils ont la capacité de s’auto-réparer par les systèmes de réparation endogènes.” – Dr. Yves Le Dréan, biologiste, Inserm.
– Le phénomène d’hormèse
Lorsqu’un organisme est soumis à un stress adapté à sa capacité de réaction, il améliore son fonctionnement. Pratiquement, vous améliorez les processus cellulaires au niveau de la mitochondrie. L’organisme humain répond particulièrement bien à deux types de stress : le jeûne et l’exercice à haute intensité (crosstraining, paleofit, crossfit, circuit métaboliques, interval training, etc…L’hormèse serait la clé ultime pour renforcer l’organisme. Pour diminuer le stress et être plus résistant face aux agressions extérieures, on pense à la relaxation, la méditation, la cohérence cardiaque etc. Même si tous ces outils sont efficaces, peu de gens connaissent le moyen le plus puissant pour réduire le stress à savoir : développer sa capacité de resilience à l’intérieur même des cellules du corps.
Comment ?
Alors que tout le monde parle d’éviter le stress dans la mesure du possible, avec cet outil, c’est tout l’inverse ! La clé consiste à augmenter la tolérance du corps grâce au stress lui-même. L’hormèse est donc le processus durant lequel une exposition temporaire à un certain type de stress, de manière contre intuitive – puisque totalement opposé à ce que beaucoup d’experts de stress préconisent – améliore la santé, le fonctionnement du système immunitaire, augmente le niveau d’énergie ainsi que l’espérance de vie en agissant au niveau de la cellule elle-même. Elle serait vraiment la pierre angulaire de la santé, de la résistance aux maladies, du haut niveau d’énergie et de la longévité.
Tableau récapitulatif des phases du jeûne et des processus biologiques associés: